Homélies/Méditation

Le Carême, un don que Dieu nous fait

HOMELIE POUR LE Ier DIMANCHE DE CAREME
ANNEE C

Luc 4, 1-13

Mercredi dernier, nous sommes entrés dans le temps de carême. Les cendres sont encore fraiches sur nos têtes.
Pour comprendre le carême, revenons sur les lectures de ce dimanche :

Le livre du Deutéronome (1ère lecture) nous parle du peuple hébreu qui avait été esclave en Égypte. Dieu a entendu leur voix et il les a conduits vers une terre de liberté. Cela nous fait penser à tous ces nombreux réfugiés qui fuient de l’Ukraine, du Moyen Orient, de tous les pays en guerre et qui prennent des risques pour trouver ailleurs une vie meilleure. Le carême c’est cette longue route vers la libération. La Bible insiste très fortement sur l’accueil du Dieu libérateur. C’est dans cet esprit que nous devons vivre ce temps du carême.

Dans la seconde lecture, St Paul nous invite à accueillir la parole de Dieu et à nous laisser guider par elle pour la proclamer.

Dans l’Évangile, nous lisons le récit des tentations de Jésus au désert. Tout ce qui est interdit est désiré, dit un proverbe irakien. Cela décrit bien notre quotidien, notre nature pécheresse et fragile.  En écoutant cet évangile, nous pensons à notre société de consommation qui refuse les renoncements. Tant de publicités viennent nous tenter pour nous dire qu’on peut tout avoir: « achetez aujourd’hui, vous paierez dans trois mois »… Ou encore « mangez ce que vous aimez tout en perdant du poids… »

Or voilà que dans l’Évangile, le démon pousse cette illusion à son comble: en plein désert, il propose à Jésus de trouver la nourriture, les richesses, le pouvoir et une sécurité absolue.
Cette tentation a été celle du peuple hébreu au cours de sa traversée du désert.
C’est aussi la nôtre aujourd’hui : nous voulons vivre à l’aise, nous cherchons à dominer. Notre cœur n’est à l’abri d’aucune convoitise. Mais Jésus ne se laisse pas dominer. Il fait le bon choix, celui de rester fidèle à Dieu.
Le carême c’est précisément cette période de 40 jours pour renouveler ce bon choix.

Nous sommes conduits au désert pour nous mettre
face à face avec notre propre vie
et face à face avec Dieu notre Père.

Lorsque Jésus parle de jeûne, il ne s’agit pas de perte de poids, de vêtements trop petits et ventres trop ronds. Il y a des raisons plus sérieuses pour jeûner. Quand tout va bien, que Dieu est présent dans nos vies, qu’il y a plein d’amour et de joie, nous n’avons pas besoin de jeûner.

Le Christ disait aux Pharisiens que ses apôtres n’avaient pas à jeûner «aussi longtemps que l’époux était avec eux».
Par contre, il est bon de jeûner

lorsque le monde ne tourne pas rond et qu’il y a des morts inutiles,
lorsque nous ne vivons pas l’idéal auquel le Christ nous a appelé,
lorsque nous remplaçons Dieu par nos veaux d’or, nos dogmes économiques, nos égoïsmes nationaux;
lorsque les conflits familiaux conduisent à la violence, à la haine, à la rupture et que les enfants en souffrent; lorsque les jeunes sont privés d’éducation chrétienne;
lorsque l’on refuse le pardon à ceux et celles qui nous ont offensés;
lorsque le taux de suicides est plus élevé chez-nous que dans d’autres pays du monde;
lorsque des millions de personnes âgées souffrent de solitude et d’abandon.

Le jeûne est une épreuve.
Non pas une épreuve légale obligée, mais une épreuve de foi et d’amour.

La première question à se poser est : pourquoi est-ce que nous jeûnons ?
Si c’est uniquement parce que l’Eglise nous en fait une obligation, alors nous passons à côté du véritable sens du jeûne.
En effet si l’Eglise nous appelle à jeûner, c’est pour

que nous nous reconnaissions pécheurs,
que nous marquions notre repentance, notre désir de conversion,
que nous appelions la miséricorde de Dieu du fond de notre misère intérieure et
que dans l’amour nous puissions offrir à Dieu quelque chose qui nous coûte au moins un peu.

Le jeûne s’inscrit dans une démarche de vérité et d’amour en face de Dieu.

Par ailleurs si nous mettons de côté l’argent économisé par notre jeûne, pour le donner à ceux qui n’ont rien, alors nous rentrons dans la charité fraternelle. Le jeûne peut prendre plusieurs visages et plusieurs formes :

il y a bien sûr le jeûne de nourriture…un peu tous les jours, ou deux ou trois fois par semaine;
le jeûne de télévision, de magasinage inutile, de loisirs extravagants;
le jeûne qui nous aide à partager financièrement avec ceux qui vivent dans la misère;
le jeûne qui nous invite à faire du bénévolat, à faire notre part pour la communauté à laquelle nous appartenons.

Le Carême que nous célébrons chaque année et qui nous prépare aux joies de la fête de Pâques, n’est pas un don que nous faisons à Dieu, c’est un don que Dieu nous fait.
Le Christ nous rappelle qu’il est temps, à l’écoute de sa parole, de renouveler notre vie de tous les jours, de recevoir un cœur nouveau, une mentalité nouvelle.
Le jeûne, la prière et le partage nous aident à trouver les vraies valeurs de la vie et à nous rapprocher de Dieu et des autres.

En ce début de Carême, Seigneur, nous souhaitons par-dessus tout être guidés par ton Esprit comme l’a été Jésus à l’entrée du désert. Donne la paix à nos cœurs, donne la paix à nos familles et au monde entier. Apprends-nous comment devenir des instruments de ta volonté, toujours plus éveillés à tes souhaits.

Amen

Abbé Willy Mirindi

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