Homélies/Méditation

«Aujourd’hui, je t’ai engendré.»

«Est-ce-que nous réalisons, frères et sœurs, l’importance, la grandeur de ce moment décisif qui (..) fait subitement devenir, (..) non plus des enfants naturels, mais des enfants de Dieu lui-même, reconnus par lui, aimés infiniment par l’amour infini ! Oui, « fils de Dieu » ! »
L’abbé Willy nous amène à nous pencher sur les implications de notre baptême image de celui du Christ.

HOMELIE POUR LE BAPTEME DE JESUS
ANNEE C 2025 Lc 3, 15-16.21-22

En cette belle fête du Baptême du Seigneur, nous pouvons, frères et soeurs, réfléchir sur notre Baptême. Une fois par mois, nous avons des couples de notre unité pastorale qui organisent une réunion pour les parents qui demandent le Baptême pour leur enfant. Ils rencontrent le prêtre après cette belle préparation. Et, à chaque fois, nous leur posons ces questions :

« Qu’est-ce qui vous pousse à faire baptiser cet enfant ?
Quelles sont les raisons qui vous font demander le Baptême pour votre bébé et ce Sacrement, quel sens cela-t-il pour vous ?
Vous rendez-vous compte à quoi vous vous engagez pour votre avenir ? Pour l’avenir de votre enfant ?
Est-ce une démarche grave et importante pour vous et votre enfant, ou n’est-ce seulement qu’une habitude familiale, un rite d’enfance auquel il faut se sacrifier et qui, d’ailleurs, est une bonne occasion de faire une fête de famille ?
Le Baptême n’est-il qu’un événement du passé, une date inscrite sur mon livret de famille, bien utile parfois pour avoir un extrait de Baptême à l’occasion d’une première communion ou d’un mariage ? »

Tout d’abord, frères et sœurs, on ne devrait jamais dire « J’ai été baptisé » mais plutôt « Je suis un baptisé » car la grâce de mon Baptême, ce que j’ai reçu ce jour-là, je l’ai toujours. C’est une marque définitive qui me change et me fait changer pour toute ma vie.

Mon Baptême agit en moi, aujourd’hui. Il agira encore demain et tout au long de ma vie.
Mon Baptême n’est pas une cérémonie du passé, c’est une vie d’aujourd’hui.

Parce que je suis baptisé, j’ai en moi une nature différente qui va me faire vivre différemment de ceux qui ne sont pas baptisés. Il y a une « actualité » de mon Baptême qui influe et doit exercer une action aujourd’hui dans ma vie présente.

« Qu’avons-nous fait de votre Baptême ? »

Vivons-nous en baptisés c’est-à-dire en « fils et filles de Dieu » ?  En frères et sœurs de Jésus Christ ? Car le Baptême, ce n’est pas rien, ce n’est pas moins que ceci : c’est entendre Dieu me dire, à moi aussi, comme au Christ, sur les rives du Jourdain: « Celui-ci est mon Fils bien-aimés ; en lui, j’ai mis tout mon amour ».

C’était vrai pour le Christ qui se voit, à partir de ce moment décisif, investi par le Père et par l’Esprit-Saint, pour sa mission auprès des hommes, mais c’est aussi vrai pour nous.
A notre Baptême, à nous aussi, Dieu a dit publiquement : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; celle-ci est ma fille bien aimée en eux, j’ai mis tout mon amour ». Rien moins que cela ! Fils et Filles de Dieu, fils et filles du Père, animés par l’Esprit-Saint, aimés de Dieu comme des fils et filles, considérés par lui comme ses enfants ! »

Est-ce-que nous réalisons, frères et sœurs, l’importance, la grandeur de ce moment décisif qui a tout changé dans notre vie, lorsque ces quelques gouttes d’eau qui coulaient sur notre front nous ont fait subitement devenir, non plus de simples créatures  pécheresses, non plus des enfants naturels, mais des enfants de Dieu lui-même, reconnus par lui, aimés infiniment par l’amour infini ! Oui, « fils de Dieu » !Ce qui faisait crier d’admiration St-Jean dans sa 1ère lettre : « Voyez de quel grand amour le Père nous a fait don ! Que nous soyons appelés « enfants de Dieu et nous le sommes vraiment ! »

Voilà qui change tout, qui bascule et bouscule tout dans une vie. On parle parfois de la bergère qui épouse un prince, d’un vendeur d’allumettes qui devient milliardaire : le Baptême dans notre vie a fait bien plus que cela. Il nous a donné et il continue chaque jour, à épanouir, en nous, cette vie même de Dieu.

Loin d’anéantir notre vie humaine, il la valorise totalement et lui donne une dimension et une portée que nous avons du mal à réaliser. Nous sommes étonnés devant ce geste d’Origène, qui, après le Baptême de son enfant, se met à genoux devant lui et répète les paroles de St-Thomas devant le Christ ressuscité : « Mon Seigneur et mon Dieu », et pourtant c’est lui qui avait raison !

Maintenant je vous pose une petite question : est-ce que vous vous rappelez de la date de votre baptême ? Combien parmi vous peuvent me dire oui ?  Nous avons l’habitude de donner plus d’importance à l’anniversaire de notre naissance qu’à celui de notre baptême. Je suis né le 14/01/1967. J’ai été baptisé le 30/04/1967. Je préfère qu’on fête mon anniversaire de baptême avec tous les cadeaux possibles plutôt qu’à la date de ma naissance.

Frères et sœurs, depuis notre Baptême, la vie de Dieu coule dans nos veines et dans nos cœurs. Mais ce trésor, nous le portons en nos corps « comme dans des vases d’argile », nous dit St-Paul afin que ce soit la vie de Dieu qui soit manifestée par nos vies. Oui, nous pouvons maintenant nous reposer cette question:

« Qu’avons-nous fait de notre Baptême ? » Le laissons-nous végéter en nous comme une plante mal soignée, comme un enfant dont on ne s’occuperait jamais ou bien avons-nous pris conscience que ce Baptême, cette vie baptismale qui nous habite est la vie de notre vie, l’âme de mon âme, qui donne sens et signification à toute mon  existence, qui nous confère une mission, celle même de Jésus : annoncer au monde le salut, que les hommes sont aimés de Dieu, qu’ils peuvent être sauvés par lui ?
C’est à partir de son Baptême dans les eaux du Jourdain que Jésus a commencé sa mission. C’est après avoir vu l’Esprit descendre sur lui, après avoir entendu la voix de son Père dire à la foule : « C’est toi, mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » que Jésus partit d’abord pour le désert y prier et vaincre les tentations successives, puis, ensuite, parcourir toutes les villes et les villages de Palestine et proclamer :
« Aujourd’hui, le salut est parmi vous. Convertissez-vous, croyez à la Bonne Nouvelle ».


Nous aussi, consacrés au Baptême par l’Esprit-Saint et remplis de sa force, nous avons, en « fils et filles de Dieu », à accomplir notre mission dans notre famille, dans notre quartier, dans notre unité pastorale.
« Là où il passait, il faisait le bien et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du mal car Dieu était avec lui ».

Nous aussi, en fils et filles de Dieu, nous avons à faire le bien là où nous passons et à lutter contre le mal et toutes ses causes : l’injustice, la haine, la jalousie, la méchanceté, car Dieu est aussi avec nous.
Cette vie que Dieu nous a donnée au Baptême, sa propre vie, il nous l’a donnée pour que nous en vivions nous-mêmes, mais aussi pour que nous en fassions vivre les autres : faire de tous les hommes une Église, un corps vivant de baptisés, une Famille vivant de l’Esprit de Dieu que Jésus puisse présenter à son Père avec les mots qu’il lui adressait juste avant sa mort :

« Père, je désire que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient eux aussi avec moi, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et eux en moi ».

Seigneur Jésus, je viens à toi assoiffé de ton eau vive. Je me penche sur ton Cœur pour m’abreuver de la vraie vie. Je ne suis qu’un vase qui ne demande qu’à être empli de ta bonté, de ta lumière, de tes pensées, de tes désirs, de ton amour.

AMEN

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