« Que nous faut-il faire ? »
Lc 3, 10-18 Mes chers frères et sœurs, la liturgie de ce 3ème dimanche de l’Avent nous invite à la joie. C’est ce message que nous trouvons dans la première lecture. Le prophète Sophonie profite d’un petit bout de paix retrouvée pour inviter son peuple à faire la fête. Cette accalmie est le signe d’une transformation plus profonde que Dieu accomplira un jour. On n’aura plus à craindre la guerre : l’humanité sera conviée à danser de joie avec son Seigneur. C’est l’amour qui aura le dernier mot sur la terre. Ce sera le triomphe définitif du Sauveur au milieu des hommes.
Ces paroles du prophète s’adressent aussi à chacun de nous aujourd’hui : Ce dimanche nous invite à la joie car le Seigneur est au milieu de nous. Nous ne devons pas nous laisser aller à la tristesse ni au découragement. Le Seigneur est toujours là au cœur de nos vies. C’est en lui que nous trouverons la vraie joie.
C’est aussi cet appel à la joie que nous retrouvons dans la lettre de saint Paul aux Philippiens (2e lecture). Il écrit de sa prison ; on attendrait de sa part un message d’inquiétude et d’angoisse. Pourtant il rayonne de joie et il invite ses correspondants à la partager ; un chrétien doit frapper tous les regards par sa joie inaltérable ; c’est là son meilleur témoignage dans un monde perpétuellement inquiet. La joie chrétienne a sa source dans la certitude que le Christ est proche de celui qui souffre, proche des affligés. Malgré les multiples raisons d’inquiétude, il ne cesse de nous rejoindre pour nous apporter la joie et la sérénité.
Mais pour en arriver là, « que nous faut-il faire » ? C’est la question qui est répétée trois fois dans l’Évangile de ce jour. Toutes les catégories de personnes s’adressent à Jean Baptiste : la foule, les publicains (percepteurs d’impôts) puis les soldats. Il va montrer aux uns et aux autres que la vraie conversion doit passer par des actes. Ces actes concernent la vie sociale et professionnelle : partager avec celui qui n’a rien, bien accomplir son devoir d’état, ne pas profiter de la situation.
Ce qu’il faut bien voir, c’est que Jean Baptiste s’adresse à tous : aucune catégorie n’est exclue de ce parcours de conversion pour obtenir le salut. Cela vaut même pour les publicains qui étaient considérés comme des pécheurs irrécupérables. Dieu ne refuse à personne la possibilité de se sauver. Il est un Père qui aime chacun de ses enfants et qui veut le salut de tous.
« Que nous faut-il faire » ?
Cette question est aussi la nôtre ; et les réponses de Jean Baptiste sont aussi pour chacun de nous : nous devons réentendre ses appels à nous convertir, à changer de direction et à emprunter la route de la justice, de la solidarité et de la sobriété. Ce sont des valeurs indispensables d’une existence pleinement humaine et authentiqument chrétienne.
La liturgie de ce dimanche nous aide à découvrir que cette conversion est source de joie. Ceux qui s’approchent du Seigneur ressentent de la joie. Nous vivons dans un monde qui est accablé par toutes sortes de problèmes, les épidémies, la précarité, la violence. Beaucoup craignent pour l’avenir. Et pourtant le chrétien est une personne joyeuse. Sa joie n’est pas quelque chose de superficiel et d’éphémère. Elle est profonde et durable. C’est un don du Seigneur qui remplit sa vie. Elle vient de la certitude que le Seigneur est proche. Il est proche par sa tendresse, par sa miséricorde, par son pardon et son amour.
Dans quelques jours, nous fêterons la naissance du Christ sauveur. Le même Christ continue à vouloir venir en nous. Il frappe à notre porte et il attend notre réponse. Il compte sur nous pour que, à la suite de Jean Baptiste, nous soyons ses précurseurs dans ce monde où la violence ne cesse de gangrener les relations sociales et familiales. Préparer le chemin du Seigneur c’est donner un témoignage de paix, de dialogue, d’écoute, de patience et de réconciliation. Cela suppose une véritable conversion de nous-mêmes, un ajustement à ce Dieu qui est Amour.
Par l’Eucharistie, le Seigneur nous donne la nourriture qu’il nous faut pour cette mission. Nous venons nous nourrir et nous imprégner de cet amour et de cette joie qu’il veut nous communiquer. Puis, à la fin de la messe, nous sommes envoyés pour aimer tous nos frères dans le quotidien et le concret de leur vie. Dans ce monde qui meurt de froid, nous avons sans cesse à répandre le feu de l’amour qui est en Dieu. Que le Seigneur nous garde fidèles à cette mission. AMEN
Abbé Willy Mirindi