Homélies/Méditation

Soyons (é)veilleurs d’Espérance

HOMELIE DE L’ABBE WILLY
POUR LE PREMIER DIMANCHE DE L’AVENT
ANNEE C 2024 Lc 21, 25-28. 34-36

Lc 21, 25-28. 34-36 C’est aujourd’hui le début d’une nouvelle année liturgique C. Le temps passe sans jamais s’arrêter et il nous est souvent difficile d’accepter ce changement continu. Nous préférons croire que nous ne vieillissons pas vraiment, que nous n’avons pas plus de rides que l’année dernière, que nous sommes aussi capables physiquement que par le passé. Et pourtant, les années et les saisons se succèdent et nous changeons continuellement.

Notre vie est semblable à un sablier, ce petit instrument qui mesure le temps. La partie d’en haut se vide graduellement et le sable coule vers le bas. L’Avent nous rappelle que dans la partie du haut, il y a moins de sable qu’il y en avait l’an dernier. Cette nouvelle année liturgique nous réserve des nouveautés, des surprises, des conquêtes, des défaites. Notre vie est une marche vers l’avant et nous ne pouvons ni arrêter le temps, ni revenir en arrière. Il nous faut continuer à avancer, même si parfois la route est difficile. Le temps de l’Avent nous rappelle que le temps est un don précieux. Il est limité et nous devons l’utiliser le mieux possible.

La période liturgique de l’Avent a deux buts principaux : nous préparer à la fête de Noël et raviver le feu de notre espérance. Veiller, c’est redoubler de vigilance, c’est rester éveillé, c’est être prêt pour accueillir quelqu’un, un événement dont on ne sait ni le jour ni l’heure. Saint Anselme nous rappelle que ce Quelqu’un « c’est Dieu lui-même qui ne craint pas de venir, de s’approcher de sa création (malmenée par le péché) jusqu’à pénétrer en elle, jusqu’à l’habiter, jusqu’à l’illuminer…». Il nous dit encore que le mystère de l’incarnation est un mystère joyeux parce que le péché n’y touche en aucune manière: c’est un mystère de pureté sans ombre, mystère de beauté, qui récapitule toute l’innocence originelle de l’homme et de la femme. C’est la Pureté qui prend corps.

Dieu vient à Noël. Il s’invite chez-nous. Lui fermerons-nous la porte comme les gens de Bethléem : «il n’y a plus de place dans notre auberge» ? Est-ce que la fête de Noël sera seulement une fête mercantile, une fête de grande bouffe, de célébrations multiples ? Y aura-t-il encore de la place pour Dieu dans notre vie? D’une certaine manière si la crèche dans laquelle Jésus va naître avait été impraticable faute de rangement, à cause du désordre, il n’aurait pu naître. Pareillement, dans la crèche de nos vies, de nos cœurs peut-être nous sera-t-il bon durant ces semaines d’Avent, de faire un peu de rangement, de ménage, de vide pour que le Seigneur puisse prendre place. Une période de quatre semaines de réflexion, de préparation et de conversion !

Le temps de l’Avent est non seulement un temps de préparation à la fête de Noël,
c’est aussi un temps de grande espérance.

Dans le texte d’aujourd’hui, loin d’exploiter la peur, Jésus la désamorce… Quand ces événements commenceront… les hommes mourront de frayeur… Alors que tout s’écroule, que tout tombe dans un immense fracas, il s’agit de se relever, de se remettre debout. Tel est le message essentiel de l’Évangile : Quelques puissent être les circonstances, aussi défavorables puissent-elles paraître, Dieu veut l’homme « debout ». « Lève-toi et marche » ne cesse de dire Jésus à ses interlocuteurs paralysés. La peur conduit à la mort (« les hommes meurent de peur » nous dit Luc), alors que l’espérance conduit à la vie. « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant », disait Saint Irénée. C’est un message de confiance que vient nous délivrer Jésus : « N’ayez pas peur ! Redressez la tête…» Comment alimenter cette confiance ? La réponse est donnée à la fin de cet extrait. « par la prière ». « Veillez et priez en tout temps ». Le disciple du Christ est un veilleur, attentif au moindre signe d’espérance.

St. Paul terminait sa lettre aux Romains en disant: «Que le Dieu de l’espérance vous donne en plénitude dans votre acte de foi la joie et la paix, afin que l’espérance surabonde en vous par la vertu de l’Esprit Saint.» (Romains 15, 13)

Le temps passe et nous vieillissons, mais une personne n’est vraiment vieille que lorsqu’elle n’a plus d’espérance, lorsqu’elle n’attend plus rien de la vie. Perdre l’espérance, c’est pire que perdre la foi, car il n’y a pas de foi sans espérance. Ce temps de réflexion est un temps d’espérance par excellence. « Redressons-nous et relevons la tête, car notre rédemption approche ».

L’espérance est un véritable moteur qui nous pousse à l’action et nous incite à faire plein d’activités généreuses en marchant ensemble vers Celui qui vient. Pendant ce temps de préparation à la fête de Noël, nous sommes invités à participer à la nouvelle création de Dieu. Ceci devrait être le sens des échanges de cadeaux à Noël, des invitations et des visites que nous faisons pendant le temps des Fêtes : faire plaisir, pardonner, renouer les contacts, venir en aide, créer un monde plus fraternel.

Pour un grand nombre de personnes, le temps des Fêtes, c’est le temps qui souligne de façon pénible leur misère, leur pauvreté, leur isolement. Combien de personnes âgées ou de malades ne recevront ni visites, ni cadeaux, ni cartes de souhaits ? Combien de familles n’auront pas de paniers de Noël ? Combien d’itinérants passeront ce grand jour de fête comme tous les autres jours de l’année, à chercher dans les poubelles de quoi se nourrir ? Il y a de plus en plus de sans logis qui vivent dans la rue, de familles mono parentales qui luttent pour joindre les deux bouts, de personnes âgées qui se meurent de solitude, de jeunes et de moins jeunes qui, ayant perdu de l’ambition et de l’espérance, sont victimes de la drogue, de l’alcool, des jeux de hasard. Ces gens ont besoin de notre attention et de notre aide. L’Avent nous invite à ouvrir les yeux et le cœur pour partager notre espérance avec ceux et celles qui en ont le plus besoin.

Que le Saint Esprit qui habite en nous et que notre Dieu qui nous accompagne toujours,
nous aident à nous réveiller du sommeil de nos peurs, de nos angoisses,
en ces temps difficiles qui suscitent l’inquiétude et des doutes,
pour que nous devenions, à notre tour,
des éveilleurs à la beauté et à l’Amour de Dieu pour son peuple.
Seigneur Jésus, aide-nous à entrer dans ce temps de l’Avent
en nous préparant intérieurement à l’un des plus grands mystères chrétiens :
ton Incarnation.

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