Homélies/Méditation

Nous nous approchons de la fin…

de l’année liturgique. C’est pourquoi l’Eglise nous propose des textes qui nous parlent de la destruction du temple de Jérusalem et de la fin du monde. Il ne faut pas les lire comme des messages de catastrophe mais comme un appel à l’espérance en période de catastrophe.

Mc 1324-32 La 1e lecture et l’Évangile nous rejoignent dans ce contexte de clair-obscur de nos vies, en empruntant un genre littéraire bien caractéristique, celui de l’eschatologie c’est-à-dire celui des fins dernières (celles de nos vies et du monde), celui de l’Apocalypse qui signifie en sa racine grecque Révélation. Ce genre littéraire est un peu difficile à comprendre car il multiplie les images déconcertantes et entrechoque le temps entre le passé, le présent et le futur. Et pourtant, ce genre littéraire, emprunté par Jésus, est la manière forte de la bible pour dire l’espérance. L’Apocalypse, le dernier livre de la bible est, par excellence, le livre de l’espérance.

L’Évangile de ce dimanche est une apocalypse où le cosmos est totalement chamboulé : le soleil s’obscurcit, la lune n’éclaire plus, les étoiles tombent du ciel…. Ces paroles, loin d’être menaçantes, nous dressent une image d’effondrement et de renaissance. Elles nous révèlent la vérité de notre vie. Elles nous rappellent que le pire peut arriver dans chaque vie et que dans chaque vie le salut advient après le drame.

Tout homme et toute femme peut être confronté une ou plusieurs fois dans sa vie en petit ou en grand au drame, au deuil et à l’effondrement. Mais nous croyons nous que du drame qui marque chaque vie, nous ressortons VIVANTS. Blessés peut être mais vivants comme le Christ lui-même. Tout homme est appelé à traverser l’épreuve du feu et à en ressortir. Tout homme, toute femme a déjà expérimenté l’adversité, la perte de repère, la maladie, la tentation du désespoir comme le dit l’évangile : toutes les étoiles sont tombées du ciel, mais nous croyons fermement que l’aube va se lever au bout de la nuit la plus noire parce que le Christ notre frère aîné, le premier né d’entre les morts, a rejailli immortel du grand combat. 

Souvent, Jésus ne répond pas, terme pour terme, à nos questions. Quand nous nous demandons : quand et comment viendra la fin du monde ?, une question de maitrise, Jésus nous répond par : suivez-moi aujourd’hui, une réponse de lâcher-prise : faites-moi confiance, passez des événements de la vie du monde aux désirs du Royaume, à l’aujourd’hui de la rencontre avec le  Christ, dans l’accession intériorisée du Royaume de Dieu. « Le Christ hier et aujourd’hui est le même, il l’est pour l’éternité » Heb 13, 8. 

Je voudrais mettre en évidence le mot Maranatha pour que nous n’oublions jamais cette dimension de notre foi : demain commence aujourd’hui et aujourd’hui s’accomplira demain. Maranatha c’est-à-dire « Viens Seigneur Jésus ». Tu es là dans les pauvres. Allons aux plus pauvres. Maranatha. Tu es là dans les jeunes. Allons aux jeunes. Ouvrons des chemins de joie ! Soyons des pèlerins d’espérance et d’amour pour notre temps !

Voici un témoignage du Secours Catholique : “Moi je suis mauritanien, je suis musulman pratiquant, mais je suis heureux de participer avec le Secours catholique. Ici, le Blanc est à côté du Noir, l’Arabe est à côté de l’Africain. Il y a cette grande volonté de redonner aux gens qui avaient des idées noires, de vraiment retrouver l’espérance. Il n’y a pas de place pour le désespoir. Il y a ces jeunes prêts à sacrifier leur temps, leurs moyens, leurs idées pour vraiment nous aider à retrouver le sens de la vie… Vive l’amitié, vive l’amour !”

Ce qu’il nous faut bien comprendre, c’est que nous sommes tous envoyés pour témoigner de cet amour qui est en Dieu et le communiquer autour de nous. C’est une mission qui nous dépasse ; mais le Seigneur nous donne son Esprit Saint. Il est celui qui rassemble tous les combattants pour la vie. L’espérance chrétienne ne consiste pas à attendre un autre Monde mais un Monde autre, un Monde transformé, un Monde transfiguré, un Monde ressuscité, un Monde libéré.

Ce ne sera possible que si nous laissons pénétrer les puissances de l’amour dans toutes les réalités de notre vie terrestre. La gloire du Seigneur sera manifestée au cosmos entier. Cette joie désormais infinie, joie profonde, éternelle et sans retour. Cette joie traduit l’espérance profonde du peuple de Dieu depuis toujours et au milieu de toutes les difficultés. Le Seigneur est toujours là. Il se fait proche de nous quand les épreuves nous frappent. Ne vivons pas dans la peur stérilisante. Aimons, en nous faisant chaque jour jardiniers de l’été qui vient.

Abbé Willy Mirindi

Homélie pour le 33ème dimanche ordinaire

17 novembre 2024

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