Homélies/Méditation

En première classe ?

Mc 9, 30-37 Frères et sœurs, en méditant sur la parole de ce dimanche, nous avons été marqué par ces versets de la deuxième lecture de  Saint Jacques :

« D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ?
N’est-ce pas justement de tous ces désirs qui mènent leur combat en vous-mêmes ?
Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien,
vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins,
alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre ».

Cette parole est d’actualité dans notre monde d’aujourd’hui qui connaît beaucoup de conflits armés. Pourtant, si chacun de nous travaillait pour faire la paix en lui-même, avec son prochain, sa famille et les familles avec les quartiers, entre pays et continents, dans les quarante-huit heures les guerres prendraient fin.

En ce qui concerne l’évangile, pour la deuxième fois Jésus annonce sa Passion et sa Résurrection. Dimanche dernier déjà, il l’avait dit bien haut.

Jésus fait route à travers la Galilée. Il peut se faire le plus discret possible, car il a entrepris d’instruire plus personnellement ses disciples proches des projets de Dieu sur lui. Et après cette deuxième annonce de la passion, ses disciples craignent de l’interroger, comme si cette révélation de la passion prochaine était pour eux un secret impossible à porter, comme si les souffrances à venir projetaient déjà leur ombre, l’ombre de l’échec, sur leur vie quotidienne avec Jésus.

Mais une fois arrivés à la maison de Capharnaüm, Jésus, lui, ne va pas craindre de leur demander : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » ; qu’est-ce qui occupait votre esprit ? Quel est le souci que vous portiez ensemble ? Et les disciples se taisent comme des enfants pris en faute. Ils sont gênés, car, ensemble, ils avaient tourné le dos à la passion du Maître. Comme pour oublier le chemin des souffrances, ils avaient fait des projets de grandeur. Qui sera le plus grand, et à qui on va attribuer le plus de pouvoir : « Moi, je serai le 1er ministre, doit dire en substance Pierre ; et moi ministre des finances, assure Judas. Moi, je serai son secrétaire particulier, interrompt St-Jean ; et moi ministre du budget, dit Mt, l’ancien percepteur ».

Et les altercations s’élèvent. Les différents points de vue s’affrontent et Jésus, qui marche toujours devant, écoute, ne dit rien. Bientôt, ils arrivent à la maison, à Capharnaüm.

Jésus répond d’abord en rectifiant l’image qu’ils se font d’eux-mêmes : la vraie grandeur, selon l’Évangile, est de se faire le dernier de tous. Non pas d’être au-dessous de tout, mais de se placer au-dessous de tous ; non pas pour se faire remarquer par une humilité trop voyante, mais simplement en se mettant en position de servir tous ses frères. En ce qui nous concerne, lorsque dans la famille par exemple, Jésus nous met ou nous laisse à la place du service, du dévouement, de la gratuité, à la dernière place, ne disons plus : « On me prend ma vie », mais : « C’est bien ainsi ; c’est la place qui me revient ». La petite Thérèse ne cessait de répéter : Le royaume appartient aux enfants. 

Et St Charles de Foucauld disait :

« Je ne veux pas traverser la vie en première classe, 
pendant que celui que j’aime l’a traversée dans la dernière. »

« Jésus a tellement pris la dernière place que personne n’a pu la lui enlever ».

Seul ce réflexe de l’humilité et du service, du service humble et de l’humilité active, nous permettra à longueur de vie d’accueillir chaque homme comme un frère de Jésus. Et le geste prophétique de Jésus amenant un enfant au milieu des disciples et l’entourant de ses bras, veut souligner justement ce lien entre l’humilité et la capacité d’accueil.

Quand on ne se soucie plus d’être le plus grand, on s’ouvre à l’accueil, même du plus petit. Accueillir un frère au nom de Jésus, c’est lui faire place dans notre vie, en nous référant à la personne de Jésus et son œuvre, à ce que Jésus est pour ce frère et fait pour lui. Et dans la pensée de Jésus, l’enfant est une parabole vivante : on l’accueille sans regarder s’il le mérite, avant même qu’il puisse le mériter, simplement parce qu’il a besoin d’être accueilli. Tel est bien l’accueil que Jésus nous demande pour le plus petit, pour le plus insignifiant, le moins valable apparemment, des frères et soeurs qu’il nous envoie.

Et finalement, c’est cette idée de l’envoi qui illumine la parole de Jésus sur l’accueil. Dieu envoie Jésus, et Jésus m’envoie le frère. C’est la cascade de l’envoi, de la mission. Et c’est l’accueil qui me fera remonter la cascade jusqu’à la source, à travers le frère je remonte à Jésus, avec Jésus je remonte au Père :

« Quiconque m’accueille, dit Jésus, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé ».

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