Homélies/Méditation

”Effata”

Ouvre-toi à la nouveauté que Jésus te propose. Dans son homélie du 8 septembre 2024, l’abbé Willy nous explique nous ne pouvons pas nous dire chrétiens et de rester enfermés sur nous-mêmes. Je suis dans ta main et tu me façonnes jour après jour.

Mc 7, 31-37 « Effata »Un style de reporter. Vous savez bien que Saint Marc est un Juif du Ier siècle qui a écrit le premier évangile parmi tous les quatre dans le Nouveau Testament. C’est le plus court des quatre évangiles et le plus ancien qui avait servi de source à ceux de Matthieu et de Luc: des phrases courtes, des détails vivants, des paroles percutantes : tout cela est bien dans la manière de l’évangéliste St Marc, qui travaille à partir des souvenirs de Pierre.

Vingt siècles après, nous risquerions d’achopper sur les détails, justement: Jésus qui met deux doigts dans les oreilles du sourd et qui lui touche la langue avec un doigt humecté de salive. Mais ces gestes un peu étranges étaient assez courants dans la médecine populaire au temps de Jésus, non seulement en Israël, mais dans tout le monde gréco-romain.

D’ailleurs l’essentiel n’est pas là, mais dans ce qui suit : Jésus regarde longuement le ciel, pour bien signifier à ce pauvre homme d’où va venir la guérison : c’est la puissance de Dieu qui va se manifester. Jésus soupire ; non pas qu’il soit déjà fatigué d’opérer des miracles en réponse à la foi des petites gens, mais pour reprendre à son compte le gémissement de l’humanité souffrante, la longue plainte des malades chroniques et des handicapés, accomplissant ainsi la prophétie d’Isaïe sur le Serviteur de Dieu :« C’était nos maladies qu’il portait ». Puis vient la parole, une seule parole, qui accomplit la guérison, une parole si mystérieuse que Marc l’a conservée telle quelle dans l’araméen populaire que parlait Jésus : « Effata ! » Ouvre-toi : c’est un ordre et un programme de vie. Car cette unique parole de Jésus agit à un double niveau :

  • elle guérit le corps, ouvre les oreilles et délie la langue ;
  • mais surtout elle interpelle l’homme ; c’est lui qui doit lire sur les lèvres de Jésus cette consigne qui va bouleverser sa vie (et la nôtre) : « ouvre-toi ! »

Ouvre-toi, toi qui t’enfermes dans ta solitude et qui portes toute souffrance comme une rancœur.

Ouvre-toi, toi qui es clos sur ton passé et qui traînes à longueur de vie le fardeau de tes souvenirs.

Ouvre-toi, toi qui attends toujours d’être aimé pour te mettre en route vers l’autre.

Ouvre-toi à cet homme, à cette femme, à cet ami(e), qui est encore plus seul(e) que toi, plus muet(te), et qui ne veut plus rien entendre parce que tu l’as trop souvent déçu(e).

Ouvre-toi à la nouveauté que Jésus te propose.

« Ne reste pas sourd, ne reste pas muet. Ecoute et ce que tu as entendu, dis-le ».

Impossible, mes frères et soeurs, impossible de se dire chrétien et de rester fermé sur soi, en soi, de se replier, de s’enfermer comme un sourd-muet, insensible à la parole de l’autre et incapable de communiquer l’essentiel. Rappelez-vous la lecture d’Isaïe, la 1ère lecture, il disait : « Dieu va venir lui-même vous sauver, alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds ». Cette guérison du sourd-muet est, ce qu’on appelle, un « miracle d’ouverture » qui nous incite, nous aussi, à : nous ouvrir davantage, nous ouvrir à Dieu par une meilleure écoute de sa parole, nous ouvrir aux autres par une meilleure annonce de son Royaume.

Sommes-nous assez communicatifs ? Communicants ? Que faisons-nous pour faire passer notre foi aux autres ? Pour dire la Bonne Nouvelle ? Sommes-nous des chrétiens contagieux qui donnent envie aux autres de le devenir ? Ou bien passons-nous dans la vie comme des sourds-muets, isolés des autres parce que je ne les écoute pas et que je n’ai rien à leur dire ?

N’oublions pas, mes frères et soeurs, que nous sommes porteurs de l’espérance du monde. Nous sommes, nous rappelle le Christ, la lumière dans la nuit, le levain dans la pâte, le sel de la terre.

Jésus guérit donc à la fois la surdité de l’homme et sa langue embarrassée. Les deux maux sont liés, en effet : souvent les muets sont muets parce qu’ils sont sourds ; ils ne peuvent rien dire parce qu’ils n’ont jamais rien entendu, parce qu’ils ont grandi et vieilli dans un monde sans paroles ni sons.

Souvent c’est notre surdité qui nous rend muets et timides. Faute d’entendre la parole de Dieu, nous ne trouvons plus de mots pour lui parler ou pour parler de lui.

Que l’Évangile aujourd’hui soit notre guérison. Qu’un seul ordre de Jésus nous rende perméables à sa parole et ardents pour la louange et le témoignage.

Seigneur, tu es bien notre créateur, notre potier. Tu as pris de la glaise pour créer Adam. Par ce miracle, tu nous montres que tu modèles à nouveau l’homme, par ton corps, pour lui donner la plénitude de la vie. « Ne puis-je pas agir envers vous comme ce potier, maison d’Israël ? Dit l’Éternel. Voici, comme l’argile est dans la main du potier, ainsi vous êtes dans ma main, maison d’Israël ! » (Jr 18, 6). Oui, je crois, Seigneur, je suis dans ta main et tu me façonnes jour après jour pour me donner « la vie en abondance » (Jn 10, 10).

Abbé Willy Mirindi

Homélie pour le 23ème dimanche ordinaire

8 septembre 2024

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