L’homme est appélé à être un pont…
…entre la terre et le ciel. Dans son homélie du 1er septembre 2024, l’abbé Willy nous rappelle nos responsabilités envers la création et envers nos concitoyens de ce monde. “Transforme nos cœurs de pierre en cœurs de chair, en des cœurs sensibles et disponibles. Des cœurs remplis d’amour.“
Mc 7, 1-8.14-15.21-23 Depuis quelques années, le pape François nous appelle à célébrer le Temps de la création. Durant cinq semaines du 1er septembre au 4 octobre, fête de Saint François d’Assise, nous sommes invités à rendre grâce pour la création, à nous émerveiller de sa beauté, mais aussi à réfléchir sur le soin que nous y apportons et à nous interroger sur la façon dont nous la préservons.
En cette année 2024, nous sommes appelés à espérer et agir avec la Création selon ce passage de la lettre de Saint Paul aux Romains 8, 19-25 : « En effet, la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu… elle a gardé l’espérance d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu. Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. Et elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; … nous, qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance ».
En effet, l’homme créé de la terre à l’image et à la ressemblance de Dieu et portant en lui son Esprit, est appelé à être un PONT entre la terre et le ciel. Devant la création, il urge de manifester :
- RESPECT – le Pape François parle même du respect sacré
- GRATITUDE – un grand MERCI à Dieu à la suite de Saint Paul qui dit : « rendez grâce en toute chose »
- EMERVEILLEMENT – parce que la création est belle et bonne comme nous le dit le texte de la genèse : à la fin de la création, Dieu vit que cela était beau et bon
- RESPONSABILITE – chaque créature est comme une Parole de Dieu qui nous est adressée. A cette Parole nous avons à répondre à tout moment de notre vie.
Voilà les quatre grandes vertus écologiques face à la création. Notre terre n’est pas seulement la maison pour l’être humain, mais aussi la maison de Dieu.
C’est une écologie intégrale que nous propose le pape François : le soin porté à la nature ne va pas sans l’attention portée à nous-mêmes et à nos frères et sœurs, à notre prochain, qu’il soit un collègue, un ami, un membre de notre famille, une simple personne croisée en chemin, que ce soit un sans-abri au coin d’une rue comme une personne malade de notre ville et village. Tout est lié. (Cfr https://www.bwcatho.be/comment-vivre-le-temps-pour-la-creation-2024-en-paroisse/)
La Parole de ce dimanche nous rappelle que quand Jésus vint, il donna « un commandement nouveau : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34). « Comme je vous ai aimés ». Comme Jésus, c’est-à-dire, en esprit et en vérité. C’est aimer comme le Père nous a aimés.
Dans tout ce qui concerne la religion, la question qu’on doit se poser n’est pas de savoir s’il faut se laver les mains avant de manger, mais plutôt « Qu’est-ce qui est agréable à Dieu ? ».
Connaissez-vous le mot de Péguy, fustigeant un certain catholicisme bien-pensant : il « a les mains pures mais il n’a pas de mains. Et nous, avec nos mains calleuses, nos mains noueuses, nos mains pécheresses, nous avons quelquefois les mains pleines », écrit-il. Qu’est-ce qui est le plus important ? Manger avec des mains sales qui ont travaillé, secouru, réconforté ? Ou bien manger avec des mains nettes qui n’ont rien fait pour les autres ? Ce qui rend impur, ce qu’on peut qualifier de péché, c’est ce qui sort du cœur et entrave la relation avec les autres.
En outre rappelons-nous ce que dit le vieux sage de l’Imitation de Jésus Christ : « Tu n’es pas meilleur quand tu es loué, tu n’es pas pire quand tu es blâmé. Tu es ce que tu es « Deo teste » (Dieu étant témoin) ». Aimer en esprit et vérité c’est faire comme Jésus, aller vers les humbles, les pauvres, les faibles. Vers ceux qui sont dans des difficultés financières, morales, ceux qui sont malades, sans emplois, sans toit …
Ce que le prophète Isaïe dit : « (Ce) qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? » (Is 58,6-7).
« Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé » (Ps 50,19). Non pas un esprit cassé, foutu, anéanti, inutile … mais un esprit dont l’enveloppe est brisée, fendue, pour que Dieu puisse y pénétrer et pour laisser passer ce qui est en lui : l’amour que Dieu y a déposé, pas simplement pour lui, mais aussi pour les autres ; la compassion pour les autres, pas en paroles, mais en actes … et c’est ça qui est le plus dur…Lorsque nous communions, acceptons-nous de laisser briser notre cœur pour laisser passer l’amour de Dieu dans notre vie … et par là dans celle des autres ? Écoutons saint Jacques : « Mettez la Parole en pratique (ce que disait déjà Moïse et Jésus), ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. » (2° lecture). Illusion d’être dans les ’’bons chrétiens’’ !
Mais ce n’est pas à nous d’en juger. C’est le rôle du Fils de l’Homme, Jésus, de le faire (cf Mt 25, 31 ss). Et il le fera sur son commandement d’amour. Ce que nous rappelle saint Jean de la Croix : « Au soir de cette vie, vous serez jugés sur l’amour. ».
Prions pour que tout ce qui sort de notre cœur soit fondé sur l’amour, envers Dieu et envers le prochain. Pour cela, il nous faut répéter sans cesse cette prière du Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation ».
Seigneur Jésus, tu ne regardes pas l’apparence, comme font les hommes. Tu sondes les reins et les cœurs. Tu connais aussi nos fragilités, les circonstances de la vie, les difficultés du quotidien. Transforme nos cœurs de pierre en cœurs de chair, en des cœurs sensibles et disponibles. Des cœurs remplis d’amour. AMEN
Abbé Willy Mirindi
Homélie pour le 22ème dimanche ordinaire
1er septembre 2024