Celui qui vient à moi…celui qui croît en moi
n’aura jamais faim; n’aura jamais soif. Dans son homélie du 4 août 2024, l’abbé Willy nous explique les subtilités des différents extraits de l’évangile et comment tout compte fait les messages sont entrelacés de façon à nous montrer le dessin de Dieu.
Jn 6, 24-35 Comme à son habitude, St Jean fait passer sous des mots tout simples un enseignement très profond sur la personne de Jésus et sur son œuvre. Jésus vient de nourrir cinq mille personnes dans le désert avec cinq pains d’orge, le casse-croûte d’un gamin prévoyant. Le lendemain, les foules se mettent à sa recherche, et Jésus, une fois rejoint, entame un dialogue dont St Jean a retenu trois thèmes principaux :
- les signes opérés par Jésus,
- l’œuvre de Dieu,
- le pain venu du ciel.
Avez-vous remarqué cette petite notation : « C’était un peu avant la Pâque » ? Une clé de lecture qui nous fait souvenir que Dieu, lors de la traversée du désert, avait nourri son peuple en route vers la terre promise : le don de la manne et le vol des cailles… que nous a raconté la première lecture d’aujourd’hui tirée du livre de l’Exode… Jésus apparaissait donc comme un nouveau Moïse… et la foule L’a reconnu comme le Grand Prophète attendu, le Sauveur du monde. Mais cette notation de la Pâque nous a fait regarder aussi vers le futur : l’événement pascal de Jésus :
le don d’un autre Pain, avec les mêmes gestes : prendre le pain, rendre grâce… les gestes du Jeudi Saint et de la table d’Emmaüs…
Et puis ces douze paniers restants dont nous nous nourrissons à chaque Eucharistie jusqu’à nos jours. Douze paniers pleins qui nous annonçaient une surabondance pour tous, un Pain donné à toute l’Église, à toute l’humanité rassemblée en Église.
Et puis, à la fin du récit, cette fuite de Jésus, seul dans la montagne… car ce n’est pas pour donner ce pain périssable qu’il est venu, mais pour offrir « le Vrai Pain » que donne le Père, « le Pain de Dieu qui donne la vie au monde », qui donne la Vie éternelle, le Pain qui est Jésus lui-même se donnant à nous pour ne plus faire qu’UN avec nous, et pour que nous formions ensemble, nous tous avec Lui, un seul Corps à la gloire de Dieu notre Père !
Un ancien moine bénédictin, quand on lui demandait : c’est quoi l’essentiel de la vie chrétienne ? répondait toujours : LA FILIATION, LA FILIATION : Avec Jésus, devenir pleinement filles et fils de Dieu notre Père. OK, mais il faut ajouter aussitôt : et LA FRATERNITE. LA FILIATION et LA FRATERNTE nous sont données ensemble par Jésus. Par la communion, Lui-même Pain de Vie éternelle, fait de nous FILLES et FILS de DIEU, SŒURS et FRERES de JESUS CHRIST. Et c’est là notre véritable identité, … et notre véritable beauté ! Comme le dit si bien un penseur chrétien Gabriel Marcel : « EXISTER, C’EST CO-EXISTER » … en communion avec Dieu notre Père, et en communion entre nous.
Et bien, frères et sœurs, ce Don de communion réclame sans cesse NOTRE FOI : ce que nous avons à faire, comme Jésus nous l’a dit dans l’Evangile d’aujourd’hui, c’est CROIRE…, croire qu’il s’est vraiment livré pour nous, et que, pour se donner réellement à nous, le Jeudi Saint, il a substitué par avance, parce qu’il est déjà le Ressuscité, il a substitué à son corps de chair et à son sang qu’il allait verser, il a substitué le PAIN et le VIN de l’EUCHARISTIE ! Oui, c’est bien Lui, le Ressuscité, nous donnant sa Vie de Fils du Père et de Frère de tous ! Il nous l’a dit dans l’Evangile de ce dimanche : « Moi, JE SUIS le Pain de la Vie. »
Frères et sœurs, s’il vous plaît, prenons un instant de silence pour contempler, … pour recevoir, … pour adorer…, pour dire du fond du cœur un immense MERCI ! Avec Charles de Foucauld nous pouvons exprimer notre FOI : « Une communion, c’est plus que la vie, plus que tous les biens du monde, plus que l’Univers entier, C’EST DIEU LUI-MÊME ! » Rappelez-vous dimanche passé quand nous avons parlé de Saint Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars que nous fêtons aujourd’hui. Il disait : « Celui qui communie se perd en Dieu comme une goutte d’eau dans l’océan. On ne peut plus les séparer. Et quand nous venons de communier, si quelqu’un nous disait : ‘qu’emportez-vous dans votre maison ?’, nous pourrions répondre : ‘j’emporte le ciel’ ».
Et avec John-Henry Newman nous pouvons aussi prier ainsi : « Très aimant Cœur de Jésus, tu es caché dans la sainte Eucharistie et tu fais ta demeure en moi : oh ! fais battre mon cœur à l’unisson avec TON COEUR ! fais-moi vivre de TON AMOUR ! »
Frères et sœurs, regardez, remarquez comme l’Eucharistie, c’est DYNAMIQUE ! ** Dynamique parce que l’eucharistie, c’est Dieu qui se donne, Dieu en acte de Don. ** Dynamique parce qu’il s’agit bien de vivre en communion d’Amour avec Jésus et, avec Lui, en communion d’Amour avec Dieu notre Père, et que l’Amour vrai est un mouvement incessant de don et de réception mutuels.
** Dynamique enfin parce que l’eucharistie s’accomplit dans l’attention au prochain, dans le service, dans le don de soi …gratuit, généreux, inlassable, affectueux.
Je pense au fondateur des Petits Frères des Pauvres, Armand Marquiset, qui disait : « Des fleurs AVANT le pain. » Je trouve ça pas très réaliste, je préfère dire : « Des fleurs AVEC le pain. » Mais Marquiset avait bien perçu que le pain dont nous avons besoin c’est avant tout un autre Pain : le vrai Pain quotidien que nous demandons chaque jour dans le « Notre Père », c’est le Pain de la communion, le Pain qui est Jésus Lui-même et son Esprit-Saint, le Pain qui fait aussi de chacun de nous du bon pain, des femmes et des hommes pleinement vivants, et vivant les uns pour les autres.
Pour finir, je voudrais dire que Jésus s’invite dans tous nos repas !… Et nous demande de faire attention à Lui ! Donc on prépare le repas avec amour, on fleurit la table bien sûr, – Ah les fleurs ! : signe d’une Présence et d’un éternel Amour ! Un confrère prêtre ne cessait de nous dire : « on va à table non pas pour consommer le repas mais pour célébrer le repas ! Il faut y apporter de la joie. Il ne faut pas afficher l’air triste ». – On reçoit avec reconnaissance le don du repas, on fait attention les uns aux autres : on vit un beau compagnonnage qui prépare ou prolonge le repas nuptial de l’Eucharistie. Oui, des « compagnons », qui veut dire : « qui mangent ensemble le même pain. » Un repas comme ça, … ça a un goût d’Eucharistie, même un goût d’éternité ! Et si vous êtes seul ? Et bien non, vous n’êtes pas seul : Jésus est là ! Le jeune Italien Carlo Acutis -qui vient d’être béatifié – disait que l’Eucharistie était son « autoroute vers le ciel ». À chaque Messe, nous découvrons combien le Christ est plein d’amour pour nous et pour le monde. En venant nous nourrir du Corps et du Sang du Christ, nous nous engageons à être les témoins de l’espérance qui nous anime. Que le Seigneur nous garde fidèles à cette mission qu’Il nous confie.
« Moi je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif ». Le psalmiste nous dit aussi : « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur. » Tous nos sens sont en activité lorsque je communie. Je te vois, je te sens, je te touche, je te goûte et je t’entends. Dieu se donne totalement à nous, à chacun d’entre nous, quelque soit notre situation, notre état et même notre relation avec Lui. Chers amis, que ce dimanche où le pain de vie nous est proposé comble notre faim et nous incite à la louange ! Sois béni Seigneur AMEN !
Abbé Willy Mirindi
Homélie pour le 18ème dimanche ordinaire
4 août 2024