Annonces de l'Eglise

La Synodalité, frères d’un même Père.

“Une caractéristique essentielle du processus synodal dans l’Église est le dialogue fraternel.”

Mgr Mario GRECH, Secrétaire Général du Synode des Évêques

“Notre Père”

Soyons logiques un instant.
Si nous disons quotidiennement “Notre Père”, c’est que nous sommes frères et sœurs. Dans les faits nous sommes tous, bons ou mauvais, connus ou inconnus, chrétiens ou non, que nous le voulions ou non, nous sommes tous frères et sœurs né d’un même Père. C’est ce que nous proclamons.
Nous sommes aussi vraiment libres de Lui tourner le dos, de faire comme s’il n’existait pas. Mais nous ne pourrons jamais nous affranchir du fait d’être nés de son Amour immense, incommensurable, inépuisable, permanent, sans limite ni fin qui nous a donné comme cadeau de naissance la Liberté.
Liberté totale, fondamentale, liberté de choisir, au point de pouvoir le renier, lui le Père.
Puis comme second héritage nous avons reçu cette supplique, cet appel à nous aimer entre nous comme frères et sœurs autant que possible et jusqu’à nous partager la réalité de son Amour.
Mais c’est un appel auquel nous sommes libres de répondre ou non.

Frères et sœurs ?

Frères et sœurs donc mais libres de nous aimer, libres de répondre à l’appel à l’Amour que nous lance le Père.

Être frères et sœurs, la fraternité sensu stricto, cela implique de partager la même génétique mais pas nécessairement l’amour fraternel.
Nous savons tous que bien des frères et soeurs ne se parlent pas, s’évitent, s’ignorent, se détestent, vivent une fraternité ratatinée.
Caïn et Abel, Joseph est ses frères, Issac et Esaü, le fils prodigue et son frère … même les écritures nous en donnent des exemples à volonté.
Au delà de la fraternité génétique, le Père nous appelle à vivre une fraternité choisie, librement, et dans laquelle son Amour peut se répandre. Cette fraternité est écoute, partage, patience, respect des différences mutuelles sources de richesses à bâtir ensemble.
Un bel exemple est la relation fraternelle entre Moïse, Aaron et Myriam. Relation parfois houleuse – comme nous ils sont simplement humains – mais respectueuse, dialoguante et de bonne volonté aimante.
C’est cette relation fraternelle qui permet à Dieu de mener son peuple à bon port.
C’est en ce sens que “le processus synodal dans l’Église est le dialogue fraternel”. D’abord l’écoute, le respect de nos différences, la patience, la recherche de cet “air de famille” qui fait de l’autre un frère dans lequel je vais retrouver l’image et la ressemblance du Père. Alors l’Amour du Père pourra s’épancher dans cette relation vraiment fraternelle qui s’installe. Nous, ses fils et ses filles, aurons alors librement choisi d’être frères et soeurs.

La synodalité peut-elle aussi être proposée à la société civile ?

En 2020, Mgr Mario GRECH, Secrétaire Général du Synode des Évêques, se demandait dans un interview, si la Synodalité ne pourrait pas être proposée comme l’avenir de la démocratie dans la société civile. Idée intéressante, qu’en pensez-vous?

“….
Dans nos pays occidentaux, bien que nous soyons fiers de vivre dans un régime démocratique, en pratique tout est conduit par ceux qui ont le pouvoir politique ou économique.
Il nous faut, en revanche, redécouvrir la fraternité.
(…) Je pense que synodalité et fraternité sont deux termes qui se réfèrent l’un à l’autre.
En quel sens ?
La synodalité peut-elle aussi être proposée à la société civile ?
Une caractéristique essentielle du processus synodal dans l’Église est le dialogue fraternel.
(…) Or, le premier fruit de ce dialogue est que chacun s’ouvre à la nouveauté, à modifier son opinion, à se réjouir de ce qu’il a entendu des autres.
(…) Cette culture du « dialogue fraternel » aiderait toutes les assemblées – politiques, économiques et scientifiques – à se transformer en des lieux de rencontre et non de confrontation.
À une époque comme la nôtre, où l’on assiste à une revendication excessive de souveraineté étatique et à un retour au classisme, les acteurs sociaux pourraient réévaluer cette approche « synodale », ce qui faciliterait un processus de rapprochement et une vision coopérative.
Comme le soutient Christoph Theobald, ce « dialogue fraternel » peut nous ouvrir la voie pour surmonter la « lutte entre intérêts compétitifs » : « Seul un sentiment réel et quasi-physique de “fraternité” peut permettre de surmonter la lutte sociale et de donner accès à une compréhension et une cohésion qui sont encore fragiles et provisoires. L’autorité se transforme ici en “autorité de la fraternité” ; transformation qui suppose une autorité fraternelle, capable de susciter, par contagion, le sentiment évangélique de fraternité – ou “l’esprit de fraternité”, selon l’art. 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme – là où les tempêtes de l’histoire risquent de l’avaler».
Dans ce contexte social, des paroles clairvoyantes du Saint-Père font fortement écho ;
Il a dit qu’une Église synodale est comme une bannière levée parmi les nations dans un monde qui invoque la participation, la solidarité et la transparence dans l’administration des affaires publiques mais, au contraire, met souvent le sort de tant de gens entre les mains avides de groupes de pouvoir restreints. En tant qu’Église synodale, qui « chemine » avec les hommes et partage les tourments de l’histoire, nous devons cultiver le rêve de retrouver la dignité inviolable des peuples et la fonction de service de l’autorité.
Cela aidera à vivre de manière plus fraternelle et à construire un monde plus beau et plus digne de l’homme pour ceux qui viendront après nous.
…”