L’Esprit ?
L’Esprit-Saint, quésako ?
Nous devrions pourtant le savoir à force de le répéter :
Dans le Credo (symbole des apôtres) nous disons chaque fois que nous croyons en :
Jésus-Christ,(…) conçu du Saint-Esprit.
Dans le Credo, (dit de Nicée-Constantinople), nous explicitons même que nous croyons que :
L’Esprit-Saint est la troisième Personne de la très Sainte trinité.
L’Esprit Saint est Seigneur et il donne la vie
L’esprit Saint procède du Père et du Fils.
Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire;
Il a parlé par les prophètes.
Mais que peut bien vouloir dire tout ce charabia, retenu par cœur, dans ma vie spirituelle aujourd’hui, ici à Uccle, en Juin 2022 ?
« Au commencement … »
Ces deux mots sont les premiers mots du premier verset du premier chapitre de la Genèse, premier livre des écritures. Alors commençons par ce « commencement », par ces grand récits mythiques qui fondent toute notre religion depuis le judaïsme jusqu’à nous aujourd’hui.
Et nous ne devons pas aller très loin pour Le retrouver. Dès le verset suivant, le deuxième verset de ce même premier chapitre de la Genèse on lit : « La terre était informe et vide (…) et le Souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. ».
Et puis dans le deuxième chapitre de la genèse, lorsque Dieu créa l’Homme on lit « Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le Souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. » Conclusion, c’est lui qui nous fait vivre, « il donne la vie ».
Et ainsi à travers tout l’ancien testament, ensemble des livres de l’ancienne alliance, l’Esprit de Dieu est présent, le plus souvent sous des formes variées du Souffle de Dieu ; il manifeste l’action de Dieu ; il est l’action de Yahwé. Il n’est pas distinct de Lui.
Pour le plaisir voici quelques occurrences variées de sa présence dans ces livres :
Dans le livre de Samuel (1Sm 16,13) : « Samuel prit la corne pleine d’huile, et lui donna l’onction au milieu de ses frères. L’Esprit du Seigneur s’empara de David à partir de ce jour-là.» Donc David n’est pas Roi sans Lui. Sans Lui il est juste un parmi d’autres.
Dans le livre des Nombres, Moïse s’inquiète de ce qu’il va dire au peuple. Le seigneur lui répond « Là, je descendrai pour te parler, et je prendrai une part de l’Esprit qui est sur toi pour le mettre sur eux » (Nb 11,17).
Ainsi le peuple est « peuple de Dieu » parce qu’il reçoit et partage le même Esprit.
Tout se passe comme prévu : « Le Seigneur descendit dans la nuée pour parler avec Moïse. Il prit une part de l’esprit qui reposait sur celui-ci, et le mit sur les soixante-dix anciens. Dès que l’Esprit reposa sur eux, ils se mirent à prophétiser, mais cela ne dura pas. » (Nb 11,25) et un peu plus loin Moïse s’exclamera encore : « Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son Esprit sur eux ! » (Nb 11,25).
Un « peuple de prophètes » (même si cela ne dure pas) ; « Il a parlé par les prophètes ».
Et puis il y a au moins un texte à côté duquel on ne peut passer. C’est un passage d’Isaïe qui donne une description essentielle de l’Esprit :
« Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur … » (Isaïe 11, 1-2). Isaïe est vraiment le prophète de l’annonce du Messie qui, né de l’Esprit, nous enverra son Esprit, un Esprit renouvelé …
« Un Esprit Nouveau … »
Quand l’Ange visite Marie, la tradition nous dit que celle-ci est une jeune femme formée aux écritures par une sérieuse éducation au temple. Alors quand l’Ange lui fait de belles promesses, elle ne perd pas le nord : « Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre … » (Luc 1 34-35) et là elle sait que tout est devenu possible. A nouveau l’Esprit la fera tressaillir lorsque visitera Elisabeth. Et puis dans le Jourdain, c’est encore l’Esprit qui préside à la première reconnaissance publique de Jésus par son Père. Juste après, c’est Lui encore qui va conduire Jésus au désert où il sera tenté.
Et puis tout se passe comme si l’Esprit laissait la place au Fils jusqu’à ce que le Fils soit tué, qu’il ressuscite et qu’il retourne auprès du Père. Alors les textes reparlent de l’Esprit mais ce n’est plus tout à fait le même, c’est un Esprit nouveau, renouvelé.
C’est la Pentecôte.
L’Esprit est maintenant envoyé par le Père et Fils, comme l’accomplissement de la Promesse, un don qui descend sur tous et qui témoigne par la bouche de tous, dans toutes les langues, pour toutes les nations de la bonne nouvelle de la victoire sur la mort et le péché, de la résurrection.
« Et maintenant … »
Aujourd’hui, dans notre foi chrétienne l’Esprit c’est ce don totalement original qui nous est fait de l’Esprit du Christ ressuscité. Il fait de nous des fils de Dieu. Saint Paul nous dit : « Or, vous, vous n’êtes pas sous l’empire de la chair, mais de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il ne lui appartient pas. » (Rm 8, 9).
C’est par l’Esprit que le Christ agit dans le monde. C’est l’Esprit en nous qui nous permet de vivre le Christ, qui alimente même notre prière nous dit Saint Paul: « Bien plus, l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut : L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables.» (Rm 8, 26)
L’Esprit Saint, reçu de Dieu au baptême, est inscrit dans nos cœurs de chrétiens. C’est par Lui que nous sommes sauvés : « En lui, vous aussi, après avoir écouté la parole de vérité, la Bonne nouvelle de votre salut, et après y avoir cru, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. Et l’Esprit promis par Dieu, est une première avance sur notre héritage, en vue de la rédemption que nous obtiendrons, à la louange de sa gloire » (Eph 1, 13-14).
L’Esprit Saint a donc pour mission de nous faire connaître le Christ et de faire de nous des fils et filles adoptifs de Dieu et, par nous, de faire connaitre cette bonne nouvelle à tous. Ce message que St Paul fait sien, revient tout au long de ses lettres aux communautés qui naissent sur son passage.
Un peu plus tard, saint Jean écrit son évangile et nous montre l’Esprit véritablement envoyé en mission d’Amour dans le monde par le Père et le Fils, pour enseigner le monde, pour rendre témoignage, pour montrer le chemin de la vérité. Pour Jean, L’Esprit est l’Esprit du Christ qui, avec le Père, continue d’agir dans le monde.
« … donc… »
C’est simple.
Nous sommes invités à reconnaître l’Esprit, lui et son œuvre, à les discerner en nous-même et dans les autres. Il est présence de Dieu dans le monde, celle qui procède du Père et du Fils.
Notre vie de chrétien doit être imprégnée de cette recherche de l’Esprit qui agit en nous tous.
C’est Lui qui peut ordonner notre vie et notre agir et les mettre en conformité avec la volonté de Dieu.
Pour cela il nous faut lui être ouverts et apprendre à discerner ses « mouvements ». Mais comment ? Comment Le reconnaître ? Comme un arbre, à ses fruits ! Faisons encore une fois confiance à Saint Paul. Il nous donne la clef du chemin en nous décrivant les fruits de l’Esprit :
« Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi.”(Galates 5,22-23)
Et il ajoute immédiatement “En ces domaines, la Loi n’intervient pas. » parce que la Vie et l’Amour, qu’insuffle en nous l’Esprit, sont au-delà de l’ancienne Loi. Ils sont le commandement nouveau.
Et pour nous accompagner sur la route voici trois autres phrases issues de ce même chapitre 5 de son épitre aux Galates :
« Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi. » (Galates 5,18)
« Car toute la Loi est accomplie dans l’unique parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Galates 5,14)
« Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit. » (Galates 5,25)
Cet article est librement inspiré d’un “devoir de théologie” rédigé par Jean Sadouni.