Foi et Religion
FOI & RELIGION DANS UNE SOCIETE MODERNE
un livre de Mgr Joseph DE KESEL
Aujourd’hui …
… faisant craquer leurs bourgeons, les fleurs du confinement commencent à éclore pleines des promesses des fruits du futur. À nous de les voir, de les respecter, de les protéger et de les amener à maturité. Parmi elles, en voici une née d’un double confinement ; celui de la crise sanitaire que nous avons tous connu et celui plus personnel qu’une grave maladie a imposé à son auteur.
Voici un livre modeste et doux, un livre qui ne fait pas grand bruit. Son style est à ce point à l’image de son auteur qu’à chaque paragraphe on l’entend parler de sa voix calme où se dissimule une pointe d’urgence inquiète. Si peu de bruit a été fait autour de ce petit ouvrage qu’on pourrait avoir peur qu’il ne disparaisse sans laisser la trace qu’il est appelé à laisser sur notre église de Belgique et probablement, par osmose, sur une grande partie de l’église romaine d’occident.
2005 …
… il y a 15 ans, face à l’épuisement des vocations cléricales et la raréfaction de l’assistance aux offices dominicaux, autour de nous on ne parlait que du modèle français de mega-paroisses où le prêtre desservirait, au gré d’un carrousel dominical infernal, de nombreuses églises où résonnait l’écho des prie-Dieu désertés. On nous vantait l’importation de membres du clergé de « l’hémisphère sud » ou des « pays de l’est » comme une forme de « mission en retour ». On évoquait, à mi-voix et comme un mal absolu, la réduction du nombre de paroisses …
Une voix toute simple s’est alors élevée chez nous à Bruxelles, celle de notre évêque-adjoint Monseigneur Joseph De Kesel. Fidèle aux conséquences de la bonne nouvelle, cette voix nous proposait très simplement de nous unir, de rassembler nos forces de nous soutenir les uns les autres, de mettre nos forces et nos faiblesses en commun et de nous regrouper en ce qui sera appelé des « Unités Pastorales ». Pas de décret, pas d’obligation, ce n’était pas un ordre ni une requête ni même une demande mais simplement une suggestion pastorale.
Quel tollé ! Des cris et des chuchotements murmurés. Il allait trop loin ou pas assez selon le bord où l’on se situait. Il osait écorner le modèle de la « Paroisse » et saper l’autonomie sacrée du « Curé » au mépris le plus élémentaire du droit canonique ! Il n’osait pas donner un grand coup de poing sur la table, un bon coup de pied dans la fourmilière ancestrale ; il n’avait pas le courage de mettre au pas les réfractaires à Vatican II !
Mais non, rien de tout cela. il nous avait simplement demandé de prendre du recul, de nous recentrer sur le message de la bonne nouvelle, de mesurer nos forces et de prendre nos responsabilités dans la refondation permanente de notre communauté chrétienne.
2021 …
… Monseigneur Joseph De Kesel prend à nouveau la parole. Il n’est plus évêque-adjoint de Bruxelles mais évêque de Malines-Bruxelles, archevêque, primat de Belgique, cardinal. Si cela peut nous inciter à mieux l’écouter, cela ne change pas l’homme, sa douceur, son calme apparent, son respect profond de son interlocuteur ; mais l’urgence de son inquiétude est aujourd’hui bien plus visible.
Ce petit livre se lit avec aisance. Ce n’est pas un document pastoral, ni un texte de théologie, de philosophie, ou d’histoire. Ce n’est pas non plus un essai de prospective ecclésiale. S’il y a un peu de tout cela mêlé c’est parce que c’est le témoignage très personnel de la foi de son auteur en l’importance de l’Église, de sa mission, de la Lumière qu’elle apporte au monde. Ce témoignage est simplement, profondément et urgemment vécu par son auteur. Il nous l’apporte avec tout ce qu’il est lui-même, un pasteur, un peu théologien, un peu philosophe, un peu historien mais surtout un humain habité par la bonne nouvelle, inquiet et profondément aimant de son époque et de ses compagnons humains parmi lesquels il désire voir son Église exister, éclairer, semer, respecter, aimer à la place même où Dieu l’a mise.
Et finalement, à nouveau, il nous demande simplement de prendre du recul, de nous recentrer sur le message de la bonne nouvelle, de prendre nos responsabilités dans la refondation permanente de notre communauté chrétienne au sein d’un monde où Dieu n’est maintenant plus une évidence.
Ne passons pas à côté de cette parole et ne nous trompons pas sur sa simplicité et son apparente gentillesse ; c’est la parole d’un vrai pasteur. Nous pouvons l’entendre mais si vraiment nous l’écoutons, elle nous mènera dans une révolution ecclésiale d’une ampleur sans commune mesure avec l’instauration des unités pastorales.
… on ne peut inverser l’ordre des deux commandements. L’amour de Dieu reste le premier commandement. Mais le deuxième est semblable au premier et donc indispensable. (p29)
Bien sûr l’Église et l’État sont séparés. Mais il n’y a pas de séparation entre foi et société. (p57)
L’Église n’est pas appelée à englober progressivement le monde et à accueillir en son sein toute la société. L’Église est la communauté des chrétiens et non le rassemblement de toute la population. (p103)
L’Église est là pour faire connaître l’amour de Dieu. (p112)
… les projets pastoraux et la mission institutionnelle ne sont pas toujours les voies les plus évidentes pour témoigner de l’Évangile de l’amour de Dieu. (p121)
…il faut rejeter le prosélytisme tant comme méthode que comme stratégie missionnaire. Non seulement en raison du manque de respect à l’égard de l’autre et de ses convictions, mais surtout parce qu’on part du principe que je serais capable de lui donner la foi. Or cela n’est pas possible. Je puis témoigner de ma foi, mais c’est Dieu seul qui peut ouvrir le cœur d’un être humain. (p124)
Pour la théologie occidentale, contrairement à la théologie orientale, l’Esprit saint est le grand oublié de la réflexion théologique, mais aussi de la foi vécue et des questions concernant notre présence dans la société et le rapport de l’Église au monde. La conscience de l’action de salut et de rédemption de l’humanité par l’Esprit saint partout dans le monde est pourtant cruciale pour comprendre la mission de l’Église et notre place dans la société. (p132)
L’Église de demain sera plus humble. (…) sera aussi plus petite. (…) sera aussi plus confessante. (…) doit en même temps rester une Église ouverte. C’est l’Évangile quelle doit confesser et rien d’autre. (pp 135-138).
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