Bon Grain et Ivraie
Image extraite du tableau “Sämann und Teufel”
du peintre autrichien Albin Egger-Lienz (1868–1926).
Je me préparais à rédiger quelques idées que m’inspire la parabole de ce dimanche dans laquelle Jésus décrit le Royaume de son Père comme un homme qui laisse ivraie et bon grain libres de se développer côte à côte jusqu’au moment de la moisson où il fera le tri entre les deux. J’en étais à faire, moi aussi, le tri dans les inspirations qui me venaient lorsque je suis tombé sur le texte que je vous partage ci-dessous.
Ce texte, écrit par le pape Benoît XVI exprime de façon simple claire et profonde ce que j’aurais voulu vous confier. À mon tour je vous le confie.
Jean Sadouni
Chers frères et sœurs,
Les paraboles de l’Évangile sont de brefs récits que Jésus utilise pour annoncer les mystères du Royaume des cieux. En utilisant des images et des situations de la vie quotidienne, le Seigneur « veut nous indiquer le véritable fondement de toute chose. Il nous montre… le Dieu qui agit, qui entre dans notre vie et qui veut nous prendre par la main » (Jésus de Nazareth, première partie, 2007). Par ce genre de discours, le divin Maître nous invite à reconnaître d’abord le primat de Dieu le Père : là où Il est absent, il ne peut rien y avoir de bon. C’est une priorité décisive pour tout. Royaume des cieux signifie justement seigneurie de Dieu et cela veut dire que sa volonté doit être considérée comme le critère guidant notre vie.
Le thème contenu dans l’Évangile de ce dimanche est justement le Royaume des cieux. Le « ciel » ne doit pas être vu seulement dans le sens de la hauteur qui nous domine, car cet espace infini possède aussi la forme de l’intériorité de l’homme. Jésus compare le Royaume des cieux à un champ de blé, pour nous faire comprendre qu’en nous a été semé quelque chose de petit et de caché qui possède toutefois une force vitale irrépressible. En dépit de tous les obstacles, la graine se développera et le fruit mûrira. Ce fruit sera bon uniquement si la terre de la vie est cultivée selon la volonté de Dieu. C’est pour cela que dans la parabole du bon grain et de l’ivraie (Mt 13, 24-30), Jésus nous avertit qu’après l’ensemencement fait par le maître, « pendant que les gens dormaient », « son ennemi » est intervenu et a semé l’ivraie. Cela signifie que nous devons être disposés à préserver la grâce reçue le jour de notre baptême, en continuant à nourrir notre foi dans le Seigneur qui empêche le mal de s’enraciner. En commentant cette parabole, saint Augustin fait observer que « au départ, beaucoup sont de l’ivraie puis ils deviennent du bon grain », et il ajoute : « s’ils n’étaient pas tolérés patiemment, quand ils sont mauvais, ils n’arriveraient pas à ce changement louable » (Quaest. septend. in Ev. sec. Matth., 12, 4 : PL 35, 1371).
Chers amis, le Livre de la Sagesse — dont est tirée aujourd’hui la première lecture — souligne cette dimension de l’Être divin et dit : « Il n’y a pas de Dieu en dehors de toi, Seigneur, toi qui prends soin de toute chose… Ta force est à l’origine de ta justice, et ta domination sur toute chose te rend patient envers toute chose » (Sg 12, 13.16) ; et le Psaume 85 le confirme : « Toi qui es bon et qui pardonnes, plein d’amour pour tous ceux qui t’appellent… » (Ps 85, v. 5). Par conséquent, si nous sommes enfants d’un Père aussi grand et bon, essayons de Lui ressembler ! C’était le but que poursuivait Jésus avec sa prédication ; il disait en effet à ceux qui l’écoutaient : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48). Tournons-nous avec confiance vers Marie que nous avons invoquée hier sous le titre de Très Sainte Vierge du Mont Carmel, afin qu’elle nous aide à suivre fidèlement Jésus et à vivre ainsi en véritables enfants de Dieu.
BENOÎT XVI
ANGÉLUS
Castel Gandolfo
Dimanche 17 juillet 2011
Le saviez-vous ?
L’ivraie est une famille de plantes parmi lesquelles on trouve la zizanie (eh oui!) mais aussi le ray-grass composante de la plupart de nos gazons.
Le nom d’ivraie vient du latin ebrietas car on a longtemps cru que l’ivraie avait des propriétés enivrantes mais celles-ci sont dues à un champignon microscopique qui se développe en symbiose avec elle.
Depuis la plus haute antiquité, l’ivraie a représenté une plaie pour les cultivateurs de froment puisque le blé moulu avec l’ivraie donne une farine qui provoque des maux de tête. De plus il faut moins de 12% d’ivraie dans la farine de blé pour que celle-ci ne soit plus panifiable.
On peut retrouver ces informations et beaucoup d’autres sur la page Wikipédia consacrée à l’ivraie (https://fr.wikipedia.org/wiki/Ivraie)