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La Pentecôte, Souffle Créateur aujourd’hui

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La Pentecôte “ comme un souffle créateur pour aujourd’hui ”

En ce jour de Pentecôte, nous fêtons le don de l’Esprit Saint remis par Jésus à ses disciples et que nous avons, nous aussi, reçu à notre baptême.  Parler de l’Esprit Saint n’est pas facile car il est insaisissable et irreprésentable. 

Néanmoins mettons-nous sur sa piste !  

Tout d’abord, c’est ce qui fait la particularité de la religion chrétienne.  La religion chrétienne est en effet la religion de l’Esprit, celui qui nous a été donné par le Christ Jésus Ressuscité.  Nous sommes, par le baptême, les dépositaires de l’Esprit du Christ qui est à l’œuvre dans notre vie.  Et son action est de nous libérer, de nous rendre libre pour vivre pleinement de la vie du Christ Ressuscité. 

Et c’est dans nos espaces clos intérieurs (comme dans la pièce fermée où se trouvaient les disciples) que le Ressuscité vient souffler L’Esprit Saint, pour nous libérer de tout ce qui empêche cette liberté de s’engendrer en nous, de se développer.   Saint Paul nous dira que nous sommes appelés à vivre selon l’Esprit et non selon la chair.  Pour Paul la chair ce sont toutes nos dépendances, tout ce à quoi nous obéissons, et qui nous fait vivre de manière conditionnelle.

A ce sujet, dans l’Épitre aux Galates, Saint Paul se lèvera contre l’influence de juifs missionnaires qui prêchaient aux fraîchement convertis au Christ, l’observance de la circoncision comme marqueurs d’identité au judaïsme et condition de l’alliance. 

Paul dénoncera également aux Galates, le danger du retour à une forme de piété : «  Comment retourner encore à ces éléments sans force ni valeur, auxquels à nouveau, comme jadis, vous voulez vous asservir ? Observer des jours, des mois, des saisons des années. »  Ga 4, 9-10

L’observance de ces cycles concernait des rituels païens suivant les saisons.  Mais nous pourrions aussi l’entendre à propos de nos cycles liturgiques, ou d’une certaine forme de religiosité au sein de nos églises, ou encore de nos catéchèses d’enseignement qui se sont rendues parfois confortables parce que bien rodées, mais qui ne sont plus ou peu stimulées par le souffle de l’Esprit.  C’est ce que  nous dit aussi le Pape François lorsqu’il écrit : «  Souvent, contre l’impulsion de l’Esprit, la vie de l’Église se transforme en pièce de musée ou devient la propriété d’un petit nombre.  Cela se produit quand certains groupes de chrétiens accordent une importance excessive à l’accomplissement de normes, de coutumes ou de styles déterminés. »[1] 

Nous vivons aujourd’hui une période de tensions due à cette transition entre la période de confinement et de dé-confinement, avec son flot d’incertitudes au niveau des mesures sanitaires parfois confuses et incertaines, avec des décisions qui doivent être prises dans différents secteurs d’activités et qui tardent à venir, comme pour la reprise de nos célébrations eucharistiques. 

A ce sujet d’ailleurs, on ressent bien la montée de cette tension qui a notamment amené certains chrétiens à revendiquer « un droit à l’Eucharistie », et dont la presse s’est fait l’écho.  Que faut-il en penser ?  Je dirais qu’il ne faut pas oublier que c’est d’abord le Christ qui nous invite à l’Eucharistie, que c’est Lui qui nous libère par sa grâce.

Ensuite, soyons prudents à ne pas nous abandonner à trop de volonté humaine, ce qui peut prendre le pas sur la volonté divine.  Face à cette situation, nous devons être attentifs à ne pas se laisser aller, à être dans l’immobilisme ou dans l’agitation et la revendication.  Cela pourrait empêcher le souffle de l’Esprit d’agir.  C’est là un véritable lieu de discernement. 

Le discernement, nous en avons besoin pour être disposés à reconnaître les temps de Dieu et de sa Grâce, pour ne pas gaspiller les inspirations du Seigneur, pour ne pas laisser son invitation à grandir nous échapper. Cela demande une forme d’indifférence créative. 

Nous sommes libres de la liberté de Jésus-Christ, mais nous devons examiner ce qui se passe en nous – peur, angoisse, frustration, aspiration – et ce qui se passe à l’extérieur, « les signes  des temps » – pour reconnaître les chemins de la pleine liberté : « Vérifiez tout, ce qui est bon retenez-le » ( 1Th, 5, 21)[2]

Nous avons à vivre la Pentecôte, à l’actualiser comme un souffle toujours nouveau, toujours créateur.  Et le temps que nous traversons est, contrairement à ce que l’on peut croire,  propice à cela. 

Mon souhait est que nous nous laissions secouer par le  Souffle de l’Esprit du Christ Ressuscité, afin de mettre en mouvement notre vocation de baptisé dans les défis pastoraux qui vont se présenter à nous à la rentrée, suite de la crise sanitaire que nous vivons et qui ne sera probablement pas totalement terminée.  

Enfin,  j’aimerais encore insister sur une chose.  La liberté chrétienne, dont j’ai parlé, culmine dans la loi du Christ qui est la loi de l’Amour : « Aimez-vous les uns et les autres comme je vous ai aimés ».   

Demandons la grâce au Seigneur de nous animer de son souffle créateur !

Bonne et Sainte Pentecôte à tous !

Jean Sadouni

Responsable de l’Unité Pastorale Boetendael


[1] Gaudete et Exultate : 59

[2] Inspiré de l’article 168 Gaudete Et Exsultate : Exhortation apostolique du Pape François (Appel à la Sainteté dans le monde actuel)