Père, l’heure est venue …
Image de tête : Mosaïque du Christ Pantocrator
à l’intérieur de cathédrale de Monreale
près de Palerme, Sicile, Italie
Jésus a prononcé cette prière à son Père à la veille de sa mort.
Ce passage de l’Evangile est souvent appelé le testament spirituel de Jésus à ses disciples. L’événement se situe juste après la trahison de Judas qui suit le lavement des pieds. Pour les 12 apôtres, c’est la fin d’une grande aventure. Ils étaient des hommes de toute condition qui avaient suivi Jésus (pêcheurs, artisans, contrôleur des taxes) et l’aventure avait duré deux ans et demi. Puis l’affaire s’est gâtée, les événements se sont précipités et la catastrophe est arrivée. Jésus quitte ses disciples et disparaît de la scène du monde. On ne discute pas la dernière volonté de celui qui va mourir, il y a quelque chose de sacré. Le baromètre n’est pas à la joie. Paradoxalement, pour Jésus, c’est l’heure où il va être glorifié par le Père.
«Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. »
Quand on dit de quelqu’un qu’il est glorifié, cela veut dire qu’il est regardé avec admiration pour les belles et grandes choses qu’il a accompli.
Aux yeux des hommes, la gloire, c’est la renommée, la célébrité, le succès. Il y a souvent quelque confusion à ce sujet.
C’est ainsi qu’on se fait beaucoup d’idées fausses sur la gloire et la toute-puissance de Dieu, en les calquant sur les honneurs, les couronnes et les fastes des grands de la terre et qui font la roue comme des paons.
Cette gloire de Dieu, l’homme ne doit-il pas la faire éclater dans la magnificence de ses constructions (cathédrales, basiliques), de ses représentations (tableaux, sculptures) sous prétexte que rien n’est trop beau pour Dieu ? La gloire de Dieu n’est-elle pas aussi dans la réussite de ses élus ?
Le peuple juif l’a cru, comme l’ont cru par la suite des nations chrétiennes qui se croyaient propriétaires de Dieu et proclamaient hardiment que leur victoire était la preuve évidente que Dieu avait pris leur parti.
Mais les puissants de ce monde s’effondrent un jour ou l’autre. La gloire de Dieu ne suggère donc pas du tout une gloire passagère et éphémère, cet extérieur brillant des strass et paillettes de la renommée, dont les mass média raffolent.
La gloire de Dieu n’est pas de l’ordre des choses.
La gloire dans l’évangile désigne plutôt le rayonnement lumineux d’une vie. Nous savons par expérience qu’il y a des personnes qui ont un rayonnement, elles transforment la vie de leur entourage par leur présence, leur sérénité et leur amour. Ce fut le cas de Jésus. La gloire de Jésus a été le rayonnement de sa présence dans toute la création mais surtout dans l’être humain.
« La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant » : disait saint Irénée, évêque de Lyon au 2e siècle. La gloire divine, c’est l’amour qui se donne, mais cette gloire de Jésus passe par la souffrance et la croix. Jésus n’a rien gardé pour lui. Il a tout donné y compris sa vie. Toute son activité a été centrée, dirigée, orientée vers les autres d’abord, à qui il donnait de son temps, de sa personne, de son énergie, de sa vie.
Nous sommes appelés à vivre ce même programme d’amour de Jésus pour nous et à recevoir cette même gloire en plénitude lorsque nous aurons accompli notre mission sur terre.
Abbé François