Tu vois ce que je vois ?
4ième Dimanche de Pâques : Ac 2,14a.36-41
Le texte de ce 4ième dimanche de Pâques suit directement celui de dimanche dernier, où Pierre, debout le jour de la Pentecôte, annonçait le kérygme : « Que toute la maison d’Israël le sache donc avec certitude: Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié. »
A cette foule venue en pèlerinage de tous les coins du monde d’alors, Pierre ose proclamer (c’est le sens du mot grec « Kérussô ») que Jésus est fait par Dieu « Seigneur et Christ ». Le titre Seigneur est réservé dans l’ancien testament à Dieu et à son messie. C’est ce messie que le peuple attend, et certainement ceux qui ont fait une route, parfois bien longue, pour célébrer la pentecôte à Jérusalem. Ils avaient le cœur ouvert. Et voilà qu’ils sont « touchés au cœur », Pierre a su toucher leur cœur. Ils vont alors poser la même question toute simple, déjà posée à Jean le Baptiste sur les bords du Jourdain : « Que devons-nous faire ? » ; et la réponse, toute simple, est encore la même : « convertissez-vous ». (N’oublions pas que l’évangile de Luc et les Actes sont du même auteur, la même question et la même réponse résonnent au début des deux livres). C’est une question que nous ne pouvons cesser de poser, de nous poser, de poser à Dieu, la question du discernement.
On peut comprendre que les juifs n’aient pas su reconnaître en Jésus le messie attendu ; toutes les apparences étaient contraires. Mais il est toujours possible de reconnaître qu’on s’est trompé de chemin, de faire marche arrière, de se retourner, de se convertir, pour marcher sur le juste chemin. Passer du « que vous avez crucifié » en la foi en « Dieu qui l’a fait Seigneur et Christ ». Ce juste chemin passe d’abord par la conversion et le baptême au nom de Jésus-Christ (le baptême proclamé ici n’est pas encore trinitaire, mais il le deviendra bien vite). Puis par la réception du don du Saint-Esprit, ce même Esprit qui a sorti Pierre de sa torpeur et l’a mis debout pour témoigner. Et ce don est promis aussi à « ceux qui sont loin » c’est-à-dire les païens, « aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera ».
A Jérusalem, ce jour de la pentecôte ; ils étaient environ trois mille hommes à se joindre aux apôtres. Vingt siècles plus tard, nous faisons partie de cette foule immense que nul ne peut dénombrer. Saurons-nous être dignes de la conversion et du discernement qui nous sont proposés ?
Abbé Robert.