Homélies/Méditation

La Veillée Pascale

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En cette période particulière de notre histoire marquée par le confinement dû à la crise sanitaire en cours, la fête de Pâques arrive à nous comme une lumière d’espoir et de résurrection qui nous guidera au cours de la longue traversée du désert de ces quelques semaines.

La nuit du quatorze de Nisan ou de la première pleine lune du printemps, le peuple de la première Alliance se rassemble autour d’une liturgie familiale pour rendre actuel l’évènement fondateur de leur identité comme peuple de Dieu : la sortie d’Égypte. Après 400 ans d’esclavage le peuple s’est habitué à vivre en servitude, en oubliant progressivement jusqu’à leur propre humanité. Un peu à l’image d’une société habituée au confort et comme asservie par le consumérisme et qui, dans cette période de crise, est comme obligée à redécouvrir son humanité et sa juste place dans le monde en tant que bons gérants des ressources naturelles mis à sa disposition.

Au cours de cette nuit le père de famille assume la mission très importante de transmettre la foi à la nouvelle génération, non pas dans un exposé ex-cathedra rempli de concepts abstraits mais, au contraire, à partir de sa propre vie, car l’histoire de la sortie d’Égypte s’accomplit pleinement encore aujourd’hui. Les enfants sont introduits progressivement à prendre conscience que la Pâque (Pessah – Passage) est aussi leur histoire, car au cours de cette nuit Dieu passe en délivrant l’humanité de la peur, de l’angoisse, de la panique pour lui faire expérimenter la joie, la paix, la liberté.

Cette nuit est la Nuit des nuits, le cœur toujours battant de la foi du peuple chrétien. Toute l’année liturgique s’est structurée, au cours des siècles, à partir de cette unique nuit victorieuse du mal et de la mort.

Mais pour être tout à fait justes avec l’histoire, n’oublions pas que la célébration de la Vigile Pascale, telle que nous la connaissons de nos jours, a été réintroduite dans l’Église seulement à partir de la réforme liturgique du Pape Pie XII en 1951. Célébrer la nouvelle Vigile Pascale fut pour beaucoup de chrétiens une vraie découverte et un grand bonheur. Les rites reprenaient vie ; le long temps de la célébration disait à sa manière l’importance des événements commémorés. La communauté chrétienne pouvait redécouvrir qu’elle était l’Église de la résurrection.

Ne sommes-nous pas aussi appelés, cette année, à redécouvrir que nous sommes la communauté de la résurrection ? à découvrir ce que cela peut vouloir dire pour nous ? pour nos familles ? pour notre façon de vivre ? Que ce temps de grâce pascal qui s’ouvre devant nous, nous aide à le découvrir, par une réelle fraternité fondée sur la foi, l’espérance et l’amour, et en Jésus-Christ ressuscité soyons vainqueurs de toute mort et de toute maladie.

Mais aussi dans ce temps encore difficile, que notre manière de vivre la fraternité envers ceux qui souffrent du COVID 19, comme pour ceux qui leur sont proches et pour ceux qui luttent pour les soigner, soit porteuse d’espérance. Soyons encore aujourd’hui convaincus par ces paroles qui nous accompagnent depuis tellement longtemps, car le Christ, lui-même, nous l’a dit : « Je serai avec vous jusqu’à la fin des temps ! »

BONNE ET JOYEUSE PÂQUE DE RESURRECTION !

Abbé Alejandro Escalante Esteban