Homélies/Méditation

La résurrection de Lazare

Homélie de ce 5ème dimanche de Carême, par l’abbé François Goetghebuer

En ce 5e dimanche de carême, l’évangile nous propose, par le récit de la résurrection de Lazare, de méditer sur le mystère pascal du Christ qui nous sauve. Dans le cas de Lazare, il serait plus exact de parler de retour à la vie terrestre. Cette figure de Lazare représente chacun de nous, prisonnier du péché qui conduit à la mort, puis libéré par le Christ qui donne la vie. Jésus reste toujours un être surprenant. Il échappe à nos analyses psychologiques et ne se laisse pas enfermer dans le schéma étroit des comportements humains.

Qui d’entre nous aurait réagi comme lui ? Son ami, Lazare, est malade. Au lieu de courir jusqu’à la maison de Marthe et de Marie, il reste encore deux jours là où il est, si bien qu’il arrive à Béthanie quatre jours après l’enterrement. L’incompréhension est totale. Marthe, Marie et leurs amis voulaient que Jésus empêche la mort de Lazare, ce que les deux sœurs avec douleur vont lui reprocher. La mort semble l’emporter sur l’amitié. Et pourtant l’évangéliste Jean note par deux fois que Jésus est bouleversé par une émotion profonde. Jésus qui aimait Lazare et ses deux sœurs, Marthe et Marie, a choisi cette amitié pour poser un geste fort. Il fallait pour cela un mort vraiment mort et non pas une mort apparente.

Aujourd’hui, grâce aux progrès de la médecine, de plus en plus de personnes reviennent d’un état de mort apparent. Pour Lazare, on hésitera même à enlever la pierre qui ferme le tombeau car la décomposition devait avoir logiquement commencé son œuvre. Jésus dit à ses disciples que Lazare s’est endormi. Comme s’il ne voulait pas prononcer ce mot « mort » qui nous fait peur et plus particulièrement en cette période de contamination par le coronavirus. La résurrection des morts au dernier jour, bien des juifs y croyaient et Marthe également. Mais Jésus précise qu’il n’y a pas à attendre le dernier jour. Jésus, peu à peu, se révèle et va comme pour la samaritaine, faire faire à Marthe un réel cheminement de foi. Elle va passer du « je sais », certitude théorique, pour être amenée à dire « je crois » en Celui qui est la résurrection et la vie. La résurrection de Lazare comble de joie les deux sœurs et impressionne le peuple.

Certains se feront un plaisir d’aller tout raconter aux grands prêtres et aux pharisiens. Cette résurrection inquiètera beaucoup les autorités et sera le point de départ d’un complot qui aboutira à la propre mort de Jésus. Jésus qui a obtenu de son Père ce retour à la vie de Lazare, sur la croix, obtiendra de son Père sa propre résurrection, le matin de Pâques.

Aujourd’hui, Jésus nous redit les mêmes paroles qu’à Marthe « Je suis la résurrection et la vie » et nous pose la même question « crois-tu cela ? ». Nous sommes invités à redire le oui de notre foi baptismal.

Lors des célébrations de funérailles, les fidèles choisissent souvent ce texte profane :« La mort n’est rien ». Et pourtant, la mort est un arrachement radical. Comme Jésus, il est normal de pleurer ses morts, parce que la mort est une véritable rupture qui met définitivement fin aux relations humaines. Mais les pleurs de Jésus ne vont pas durer. L’esprit de Dieu qui l’habite va le pousser à se reprendre et à agir contre la mort. Il nous est demandé de faire pareil. Pleurer la mort d’un être cher, c’est mêler ses larmes à celles de Jésus sans pour autant manquer d’espérance. Laissons partir nos morts en paix. Ne gênons donc pas leur départ, mais aidons-les à aller vers la maison du Père par notre confiance en Dieu, nos prières et les messes que nous ferons célébrer pour leur salut.